Viril, Bantou et brisé par l'amour : L'histoire d'un Homme qui se cherche

Viril, Bantou et brisé par l'amour : L'histoire d'un Homme qui se cherche

Il y a des blessures qu’on cache derrière des silences, des nuits passées dehors, des bouteilles vidées entre amis, des absences qu’on ne sait plus justifier. Il y a des histoires d’amour qui commencent sous le signe de la passion et finissent écrasées par le poids des regrets.

Je m’appelle Loïc, j’ai 40 ans, et je vis en Angleterre. J’ai aimé une femme du nom de Nadine avec toute la fougue d’un homme en quête de sens. Elle était belle, douce, travailleuse, et j’ai tout quitté pour elle. Au début, c’était l’amour fou. Elle traversait les frontières chaque week-end juste pour me voir, me cuisiner de bons petits plats, prendre soin de moi, de nous. Quand elle est tombée enceinte, nous nous sommes installés ensemble, et j’y ai vu une seconde chance, un nouveau départ.

Mais les démons ne disparaissent pas d’eux-mêmes. Dix ans en Angleterre sans vraiment avancer, sans trouver ma place, sans savoir où j’allais. J’étais un homme sans repères, un Bantou en exil, pris au piège entre des attentes que je ne pouvais pas satisfaire et une frustration qui me rongeait. Alors j’ai fui. Chaque dispute, chaque reproche me ramenait à mon échec, à cette honte de ne pas être assez. Je fuyais la maison pour boire, pour oublier, pour respirer.

Nadine, elle, portait tout. Notre fille, notre foyer, la pression de sa famille, et bientôt notre fils à venir. Elle rêvait d’une vie plus belle, plus simple, où l’on construirait ensemble, comme les autres couples autour de nous. Mais comment construire quand on se sent brisé à l’intérieur ? Le cercle infernal ne s’est jamais arrêté. Elle s’épuisait à tenir debout pendant que je sombrais. Alors elle a pris une décision radicale : envoyer notre fils dans notre pays natal pour pouvoir reprendre le travail. Elle n’en pouvait plus de jongler entre deux enfants et un emploi sans soutien. Ce fut un choc. Ma famille se dispersait, mon couple s’effondrait, mes amis avançaient pendant que je tournais en rond. J’ai eu un déclic.

J’ai décidé de me reprendre en main, de me battre pour sortir de ce trou. Une formation professionnalisante. Une dernière chance de me rattraper, de prouver que je valais mieux que mes errances passées. J’y ai vu un nouvel espoir, mais Nadine n’a vu qu’un nouvel échec annoncé. Elle ne croyait plus en moi. Et un matin, sans un cri, sans un ultimatum, elle est partie. Avec notre fille. Laissant derrière elle un silence plus violent que toutes nos disputes.

C’était en plein COVID. Un monde figé, et moi enfermé dans un appartement devenu trop grand, trop vide. Plus d’excuse pour fuir, plus de bruits pour couvrir mes regrets. J’avais voulu respirer, mais l’air que je cherchais n’avait plus le même goût. Et puis, il y avait le reste. Le frigo vide, les fins de mois interminables, la réalité financière qui me rattrapait. Je n’avais plus le choix. Il fallait tenir. Sourire, ne pas se montrer faible, parce qu’un homme ne pleure pas. Alors je faisais semblant. La journée, je marchais la tête haute, comme si tout allait bien. Et le soir, seul, à l’abri des regards, je laissais couler quelques larmes. Moi qui n’avais jamais prié, j’ai appelé un Dieu que je ne connaissais pas. “Donne-moi la force. Physiquement, émotionnellement, mentalement. Fais-moi tenir.” Parce que tomber n’était plus une option.

J’ai tenu bon. J’ai terminé ma formation. J’ai décroché un emploi bien rémunéré, une stabilité que j’aurais tant voulu offrir à ma famille. Mais la victoire avait un goût amer. J’ai réussi loin de mes enfants, sans que Nadine ne puisse y croire, sans qu’elle ne puisse en profiter. Peu après son départ, elle a mis au monde un troisième enfant, seule...

Aujourd’hui, je vis avec les blessures de mon passé, avec les cicatrices d’un homme qui a pris trop de temps à se trouver. J’ai fini par comprendre qui je suis et ce que je vaux. Mais à quel prix ? J’ai réussi. Mais sans eux.

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